Ai pronto soccorso l’obbligo di segnalare i “sans papiers”

Recentemente ha avuto una certa eco mediatica la circolare del DSS inviata ai Pronto Soccorso degli ospedali ticinesi con l’obbligo di segnalazione dei “sans papiers”.

Di seguito riportiamo l’intervento del nostro Presidente Dr. Davide Giunzioni sul Caffè del 25.11.2018, l’intervento sul quotidiano romando Le Temps del 16.12.2018 e quello sul portale internet di France24 “InfoMigrants”, pubblicato il 17.12.2018.

Così si infrangono legge e segreto medico
MAURO SPIGNESI

Poche frasi, tutte racchiuse in una circolare inviata ai pronto soccorso degli ospedali del cantone. Una raccomandazione recapitata a fine agosto con data di scadenza fine dicembre. Si dice che quando persone prive di documenti, “presumibili richiedenti l’asilo, stranieri in transito o persone sospette”, si presentano alla struttura sanitaria, anche se trasportate in ambulanza, devono essere sistematicamente segnalate per l’identificazione. E nella lettera segue un numero di cellulare da chiamare durante la giornata (delle guardie di confine), mentre dalle 22 alle 6 del mattino si telefona alla centrale della Polizia cantonale. Questo “per assicurare – è scritto – la corretta presa a carico”. La lettera ai pronto soccorso è stata inviata dal Dipartimento della sanità e socialità, Ufficio del sostegno sociale e dell’inserimento, per recuperare le spese (vedi articolo sotto) delle prestazioni sanitarie. E fa parte di una convenzione tra diversi enti pubblici.
Nel documento non si dice esplicitamente che prima ancora di soccorrere un paziente questo va identificato. Ma non si chiarisce qual è l’esatta procedura. Resta il fatto che la direttiva per molti medici è in contrasto con i principi deontologici della professione. Non solo. Il timore, serpeggiato in questi mesi, è che davanti a una persona ferita o che sta male non si può perdere tempo per chiamare un agente per identificarla, ma bisogna intervenire rapidamente. Anche perché se al paziente dovesse succedere qualcosa la responsabilità ricadrebbe sul medico. “Non siamo poliziotti, noi siamo qui e abbiamo il dovere di curare la gente”, si sono sfogati i medici in questi mesi. “Non mi piace questo stato di polizia. Prima la vita e la salute delle persone”, osserva l’avvocato Paolo Bernasconi che fa notare come la direttiva sia “in contrasto con l’articolo 20 e l’articolo 68 della Legge sanitaria”. Il primo riguarda appunto l’irrinunciabilità del segreto professionale e il secondo spiega quali sono le uniche segnalazioni obbligatorie conformi alla norma. La circolare, dunque, stride con la legge.
Giorgio Pellanda, direttore generale dell’Ente ospedaliero cantonale ammette che “sì, ci è stata sottoposta questa richiesta, più che una direttiva è una sollecitazione. Io l’ho saputo qualche giorno fa, probabilmente è arrivata da un po’, non saprei di preciso. Sinceramente quanto scritto non ci piace molto, ci stiamo lavorando. Vorremmo capire meglio in concreto cosa dovremmo fare”. 
I dubbi di Pellanda sono anche quelli  di Dorit Djelid, portavoce di H , associazione che raggruppa tutti gli ospedali svizzeri. “Di fronte ad un’urgenza – dice – la priorità è curare il paziente, poi regolare l’aspetto amministrativo, che è comunque importante. Vero è che molte persone arrivano al pronto soccorso non in stato di urgenza e gli ospedali devono  sapere chi hanno davanti per far sì che alla fine qualcuno paghi la fattura”. 
Secondo Davide Giunzioni, presidente dell’Associazione medici assistenti e capi clinica (Asmac), sezione Ticino, 550 soci, “al di là del caso specifico, il problema sta sempre nel riuscire a conciliare il principio cardine della nostra professione, che è quello di garantire le cure al paziente, dunque la sua presa a carico, con il rispetto della legalità e delle normative  cantonali o federali. Spesso queste due esigenze riescono a trovare un punto d’incontro ragionando con un po’ di buonsenso”. Anche se, precisa Giunzioni, “noi abbiamo dei valori che non possiamo derogare, come il segreto medico e l’assistenza primaria del paziente”.

p.g./m.sp.

http://www.caffe.ch/stories/cronaca/61822_cos_si_infrangono_legge_e_segreto_medico

Au Tessin, des médecins sommés de dénoncer les sans-papiers
ANDRÉE-MARIE DUSSAULT

Les autorités cantonales demandent aux professionnels de la santé des urgences de signaler les personnes sans documents. Malaise à l’hôpital.

«Systématiquement signaler aux autorités les individus sans documents, présumés requérants d’asile, étrangers en transit ou «suspects» qui arrivent aux urgences, seuls ou en ambulance.» Telle est la mission qu’une directive cantonale assigne aux professionnels de la santé de l’Entité hospitalière cantonale (EOC) tessinoise.
Emise au mois d’août et récemment révélée par l’hebdomadaire dominical Il Caffè, cette consigne a pour objectif déclaré de «pouvoir effectuer les vérifications et identifications requises et évaluer la situation, afin d’assurer une prise en charge adéquate». La directive, dont les collaborateurs n’ont eu vent que par la presse, suscite un certain malaise à l’hôpital.


Au niveau déontologique, le principe cardinal de notre profession est de garantir les soins Davide Giunzioni, président cantonal de l’Association des médecins assistants et chefs de clinique

Responsable de la communication à l’EOC, Mariano Masserini indique que le réseau hospitalier public va clarifier avec l’administration cantonale les exigences de la directive d’ici à quelques semaines, avant d’aller de l’avant. Il relève que l’hôpital de Mendrisio est le plus sollicité par les personnes sans documents, vu sa proximité avec la frontière italienne. La consigne du canton «peut certainement aider à identifier correctement les patients qui arrivent aux urgences, notamment ceux en provenance des centres d’enregistrement pour requérants d’asile de Chiasso et Rancate», estime-t-il, soulignant toutefois que «la priorité des médecins demeure de soigner leurs patients».


«Les soins ne seront évidemment refusés à personne»
«Au niveau déontologique, le principe cardinal de notre profession est de garantir les soins», renchérit Davide Giunzioni, président cantonal de l’Association des médecins assistants et chefs de clinique (Asmact), qui précise que cette directive suscite des doutes sur sa légitimité et ses objectifs. Ce médecin se réfère à l’article 20 de la loi cantonale sur la santé, lié au secret professionnel auquel doit se soumettre le personnel médical, et à l’article 68, qui énumère les cas qui doivent obligatoirement faire l’objet d’une signalisation: «Dénoncer les personnes sans documents n’en fait pas partie», soutient-il, se disant «curieux de voir comment le contenu de la directive leur sera communiqué et comment il sera appliqué».

Directrice de l’Office de soutien social et d’intégration, à l’origine de la directive, Cristina Oberholzer Casartelli affirme que «les soins ne seront évidemment refusés à personne». Le canton ne veut en aucun cas interférer avec les pratiques médicales, assure-t-elle. «La directive est simplement une indication administrative et comptable visant à faciliter la facturation des services de santé par l’EOC.»
Elle fait valoir que le canton est le principal garant des factures impayées de services sanitaires d’urgence dispensés aux étrangers en transit et migrants n’ayant pas déposé de demande d’asile ou qui sont en procédure de réadmission en Italie. «Ces frais ont augmenté considérablement ces dernières années, dépassant le forfait prévu à cet effet. L’indication donnée a pour but d’optimiser les chances de régler ces factures.»


Dans le cas où un patient est sans documents, l’hôpital peut fournir à l’Etat une facture anonyme, afin de protéger sa vie privée
Conrad Engler, porte-parole de H+, l’organisation faîtière nationale des hôpitaux

Porte-parole de H+, l’organisation faîtière nationale des hôpitaux, Conrad Engler affirme ne pas avoir connaissance d’une telle pratique ailleurs en Suisse. «Ce n’est pas le rôle des médecins, tenus au secret professionnel, de dénoncer les patients sans papiers», considère-t-il. Le devoir des médecins est avant tout de soigner les patients en cas d’urgence, insiste-t-il, rappelant que s’il ne s’agit pas d’une urgence, les médecins ne sont pas tenus de les traiter. «Dans le cas où un patient est sans documents, l’hôpital peut fournir à l’Etat une facture anonyme, afin de protéger sa vie privée», signale-t-il.
Pour Michael Flückiger, responsable des communications à l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), la directive tessinoise pourrait effectivement constituer une violation de la loi fédérale sur la protection des données. Quant à Claudia Marcos, de Médecins du monde Suisse, membre de la Plateforme nationale pour les soins de santé aux sans-papiers, qui a appris l’existence de la circulaire tessinoise par sa collègue du sud des Alpes, elle se dit choquée et étonnée par la mesure: «Nous n’avons pas entendu parler d’autres cas similaires en Suisse.»

https://www.letemps.ch/suisse/tessin-medecins-sommes-denoncer-sanspapiers

Suisse: une directive demande aux hôpitaux de dénoncer les sans-papiers
LESLIE CARRETERO

Une directive demandant au personnel hospitalier de signaler aux autorités toute personne en situation irrégulière fait scandale en Suisse. Les médecins qui s’y opposent font valoir le “secret professionnel” et l’obligation d’assurer des soins “à toute personne dans le besoin”.

“Systématiquement signaler aux autorités les individus sans documents, présumés requérants d’asile, étrangers en transit ou ‘suspects’ qui arrivent aux urgences seuls ou en ambulance”. Dans une directive destinée aux hôpitaux publics du canton suisse de Tessin, dans le sud du pays, l’Office de soutien social et d’intégration demande aux médecins de signaler aux autorités toute personne en situation irrégulière sur le territoire suisse.
Le canton de Tessin a longtemps été en première ligne face à l’afflux de migrants car il est frontalier avec l’Italie, deuxième pays d’arrivée des migrants en Europe en 2018. L’hôpital de Mendrisio est notamment le plus sollicité par les étrangers car le plus proche de la frontière suisso-italienne.
Cette circulaire, émise au mois d’août et révélée fin novembre par l’hebdomadaire local Il Caffé, provoque la stupéfaction chez le personnel hospitalier qui a appris son existence par la presse.
“J’attends de voir comment ce texte sera mis en application dans les centres de santé mais je m’y oppose car ce n’est pas mon rôle en tant que médecin de dénoncer des patients”, déclare à InfoMigrants Davide Giunzioni, président de l’Association des médecins assistants et chefs de clinique (Asmact) à l’échelle du canton. “Je me dois de respecter le secret professionnel et d’assurer des soins à toute personne dans le besoin, peu importe son statut et ses origines”.
Une directive “illégale”
Selon l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (Osar), qui regroupe plusieurs associations, cette directive est illégale. “Elle pourrait constituer une violation du droit à l’aide dans les situations de détresse prévu dans l’article 12 de la Constitution suisse”, qui stipule que “toute personne doit pouvoir bénéficier de soins d’urgence”, précise à InfoMigrants Michael Flückiger, responsable de la communication de l’Organisation. De plus, la circulaire est contraire à la loi fédérale sur la protection des données et de la vie privée.  
Cristina Oberholzer Casartelli, la directrice de l’Office de soutien social et d’intégration, assure au quotidien suisse Le Temps que “les soins ne seront évidemment refusés à personne”. “La directive est simplement une indication administrative et comptable visant à faciliter la facturation des services de santé par l’Entité hospitalière cantonale (EOC)” de Tessin.
En suisse, le canton est le principal garant de factures impayées relatives aux soins d’urgence dispensés aux étrangers en situation irrégulière et aux “dublinés“. “Ces frais ont augmenté considérablement ces dernières années, dépassant le forfait prévu à cet effet. L’indication donnée a pour but d’optimiser les chances de régler ces factures”, s’est justifié Cristina Oberholzer Casartelli.
La mesure est d’autant plus controversée que le nombre d’arrivée a fortement baissé ces dernières années. Au plus fort de la crise migratoire en 2015, près de 40 000 personnes ont demandé l’asile en Suisse, contre une prévision de 19 000 pour l’année 2018. La majorité des demandeurs d’asile sont originaires d’Érythrée, de Syrie, d’Afghanistan et de Turquie.


http://www.infomigrants.net/fr/post/13958/suisse-une-directive-demande-aux-hopitaux-de-denoncer-les-sans-papiers